Les jours passaient lentement et la plaie que j'avais au coeur ne voulait pas se refermer. J'avais beau essayé de me persuadé que la vie devait continuer, je n'y arrivais pas réellement. J'avais perdu ma soeur alors que je n'avais que dix ans et son absence ne diminuait pas. Allongée dans mon lit, je fixais le plafond de ma chambre, essayant de chasser l'image de celle-ci et de me concentrer sur ce que j'allais faire de ma journée. Sauf que nous étions dimanche et que je n'avais pas cours. Il fallait donc que je me trouve autre chose que les cours pour oublier mon passé. Tout en poussant un soupir, je sortis de mon lit et me dirigea directement vers ma salle de bain pour me prendre une bonne douche. Tout en me rendant à la salle de bain, je pu remarqué que le soleil brillait de mille feux, chose plutôt normal puisque nous étions début juillet. Alors que je me déshabillais, je sus bien vite comment me vêtir après ma petite douche. Se fut donc avec un petit sourire sur le coin des lèvres que je me glissais sous le jet d'eau, que j'avais préalablement ouvert. Comme souvent quand j'avais le temps, je passa une bonne demi-heure à me détendre et se fut finalement sentant bon la vanille que je m'enroulais dans une serviette pour ensuite retourner dans ma chambre et me vêtir. Vu le temps à l'extérieur, je décidai de mettre une petite robe blanche plutôt légère avec une paire de ballerine assortie. Une fois vêtue. je retournais dans ma salle de bain pour finir de me préparer. Comme chaque jour, mon maquillage fut très simple et surtout très discret. J'appliquais juste un peu de mascara sur mes cils et une touche de fond de teint pour me donner bonne mine. Ma coiffure fut rapidement faite, vu que je ramenai ma chevelure en une queue de cheval, retenue avec un ruban de la même couleur de ma tenue. Ayant envie de rester encore un moment toute seule, j'arrêtai mon portable, mais le glissa tout de même dans mon sac.

Une fois dans les rues bondées de la ville, je pris une direction totalement au hasard, sachant que je ne pourrais pas me perdre, vu que j'étais née et avais grandis dans cette magnifique ville qu'était Boston. Avec toujours un petit sourire sur les lèvres, mais jambes me conduirent directement et plutôt rapidement vers l'endroit que j'aimais le plus et cet endroit était tout simplement le parc. A chaque fois que j'avais envie d'être seule ou que j'avais besoin d'inspiration voir même de modèles pour mes cours, je venais ici. Peut-être que j'adorais cet endroit parce que j'y étais venue chaque weekend avec ma famille avant que ma petite soeur nous quitte. Poussant un léger soupir et secouant légèrement ma tête pour chasser ses souvenirs, je me dirigeais lentement vers un grand saule pleureur qui devait très certainement avoir plusieurs centaines d'années. Ces branches retombaient tellement bas, que j'avais l'impression d'être dans un autre monde, dans ma petite bulle. M'essayant contre le tronc froid du conifère, j'appuyais ma tête contre l'écorce et ferma les yeux, me laissant porter part mes pensées. Dans ces moments-là, je les laissais vagabonder là où bon leurs semblaient.

Lorsque Jillian ouvrit les yeux ce matin-là, elle comprit tout de suite que la journée s'annonçait radieuse. En effet, la jeune femme pouvait entendre les oiseaux gazouiller à travers les fenêtres ouvertes de son petit appartement, situé en plein cœur de Boston. La chambre, baignée par une douce lumière, était un véritable capharnaüm: des dizaines de vêtements et des objets de toutes sortes jonchaient le sol, à tel point que le parquet était à peine visible. Pourtant, Jillian n'avait pas pris la peine de ranger: elle savait pertinemment qu'elle le ferait lors de son prochain épisode maniaque; après tout, la folie avait ses bons côtés ! Le sourire aux lèvres, la brunette quitta la pièce et se dirigea vers la salle de bain afin de faire sa toilette. Après s'être lavé les cheveux, elle ouvrit les portes de sa penderie et enfila les premières choses qui lui passèrent sous la main. C'est ainsi que Jillian sortit de chez elle vêtue d'un short en toile noire et d'un débardeur bleu extrêmement simple.

Une fois dehors, elle fouilla dans sa besace et en sortit un lecteur MP3 ainsi qu'une paire d'écouteurs; quelques secondes plus tard, la jeune femme était déjà dans un autre monde. Emportée par la musique, Jillian ne prêta même pas attention à la voiture qui manqua de la faucher; elle fixa le ciel en souriant et ses pas la guidèrent rapidement jusqu'au parc qui se trouvait à quelques minutes de son studio. Elle poussa alors le portillon et longea le lac artificiel tout en chantonnant. Alors qu'elle allait s’asseoir sur un banc, Jillian aperçut une silhouette familière. Le sourire aux lèvres, elle se précipita vers le saule pleureur et se planta devant son amie.

- Coucou, toi ! s'écria la jeune chanteuse. Alors, comment va ma fan préférée ? Tu as vu comme il fait beau ? Le soleil est éblouissant aujourd'hui ! Et dis-moi, qu'est-ce que tu es venue faire ici ma belle ?

Jillian avait bien compris qu'Orsay n'était pas dans son état normal, mais elle voulait lui changer les idées. Et quoi de mieux qu'un brin de folie pour rendre son sourire à quelqu'un ?

Les yeux fermés et les écouteurs de mon MP3 dans les oreilles, je me promenais dans un mode qui n’était qu’à moi. Un monde que je pouvais remanier selon mes envies, sans que personne ne vienne me dire si cela est bien ou pas, un monde où tout les êtres chers à mon cœur étaient réunis. Un léger sourire sur les lèvres, je me laissais totalement allée, oubliant totalement l’endroit où je me trouvais. L’avantage d’être sous ce saule pleureur, c’était que ces branches me protégeaient des autres et du soleil. Je n’avais donc pas besoin de me soucier de savoir si j’allais devenir écarlate ou si une personne que je n’appréciais pas réellement allait venir m’importuner. Un léger soupir s’échappa de ma bouche et alors que la musique changeait, j’ouvris finalement les yeux pour ne pas oublier où je me trouvais et surtout regarder l’heure, car souvent quand j’étais seule et dans ma bulle, le temps passait plus rapidement que je le pensais. Sortant mon portable de mon sac et le rallumant, je constatais rapidement que cela faisait une bonne heure que je me trouvais ici. M’étirant lentement, j’observais à travers les branches, le monde qui se trouvait autour de moi. Non loin de l’arbre, des enfants étaient en train de jouer au foot, surveiller part des parents assis dans l’herbe et discutant en même temps entre eux. Des personnes âgées étaient alignées sur les bancs. Certains étaient en train de nourrir les oiseaux de parcs, d’autre étaient plongés dans leurs pensées appuyées sur leurs cannes. Je vis également un couple d’amoureux se promener sur le chemin en terre, se tenant la main et s’arrêtant à tout moment pour s’embrasser langoureusement, comme s’il n’y avait personne d’autre sur terre.

Alors que je prenais mon MP3 en main pour changer de musique manuellement, je vis les branches de l’arbre bouger et des jambes se planter devant moi. Levant lentement la tête, je remarquais que la personne qui se trouvait en face de moi, n’était autre que Jillian, une amie que j’avais rencontrée lors d’une de mes nombreuses sorties. Laissant apparaître un grand sourire sur les lèvres, je retirais mes écouteurs, tout en écoutant mon petit moulin à paroles. Un très léger rire s’échappa d’entre mes lèvres et avant de répondre à toutes les questions qu’elle venait de me poser en moins de deux secondes, je rangeais ce que je tenais en main dans mon sac. Je devais bien avouer que j’étais sa fan et bien entendu sa fan numéro un, car je trouvais qu’elle chantait super bien et bien entendu, j’adorais l’écouter chanter.

Salut toi. Je vais plutôt bien, vu que je suis en weekend et de ton côté ?? J’espère bien qu’il fasse beau, attend on est quand même en juillet… Et rien de spécial, je me remémorais quelques souvenirs de mon enfance et toi alors, que fais-tu pars ici ??


On ne se connaissait pas depuis très très longtemps, mais je savais qu’elle lisait en moi comme dans un livre ouvert et je me doutais bien que la demoiselle allait tout faire pour me changer les idées et je ne pouvais que l’en remercier. Tapotant légèrement l’herbe qui se trouvait à côté de moi, je continuais de la regarder, me demandant un peu si elle allait pousser la chansonnette pour totalement oublier mes souvenirs.

Voir la jeune femme ainsi faisait énormément de peine à Jillian, sans compter qu'elle avait l'horrible sensation d'être inutile: elle voyait bien qu'Orsay allait mal et malgré cela, les mots restaient coincés au fond de sa gorge. Certes, elle avait réussi à démarrer la conversation, mais elle se doutait bien que ses paroles d'une banalité affligeante ne suffiraient pas à chasser la tristesse de son amie. En regardant plus attentivement le visage de la blondinette, Jillian aperçut des larmes aux coins de ses beaux yeux verts. Alors qu'elle allait s'approcher d'elle, Orsay lui sourit et commença à parler:

"Salut toi. Je vais plutôt bien, vu que je suis en weekend et de ton côté ? J’espère bien qu’il fasse beau, attend on est quand même en juillet…"

En entendant sa phrase, Jillian ne put s'empêcher de jeter un nouveau coup d’œil aux alentours. Le soleil, aveuglant, semblait entourer les nombreux couples du parc d'un faisceau lumineux. Aux yeux de Jillian, tout cet amour était... écœurant. En réalité, elle aurait adoré être à la place de ces jeunes femmes, la tête posée sur le torse de son petit ami. Malheureusement, cela ne risquait pas d'arriver... Ian allait se marier et la situation semblait désespérée. Indifférente, Orsay continua son discours:

"Et rien de spécial, je me remémorais quelques souvenirs de mon enfance et toi alors, que fais-tu pars ici ?
- Oh, rien de spécial, je me baladais ! répondit la jeune chanteuse du tac au tac. Aaaah, l'enfance ! Une période compliquée, n'est-ce pas ? A propos, je t'avais dit que j'avais été adoptée ? Tu vois comme quoi, on a tous nos petits soucis !" continua-t-elle avec un sourire.

Jillian s'assit, posa sa tête sur l'épaule d'Orsay et attrapa sa main. Tout en regardant le ciel, elle songea à sa propre enfance et à sa ma mère biologique qui l'avait abandonnée. Inconsciemment, la jeune femme ouvrit la bouche et sa voix s'éleva dans les airs.

This is going to break me clean in two
This is going to bring me close to you

She is everything I need that I never knew I wanted
She is everything I want that I never knew I needed

It's all up in the air and we stand still to see what comes down
I don't know where it is, I don't know when, but I want you around

This is going to bring me to my knees
I just want to hold you close to me

Lorsque Jillian cessa de chanter, de grosses larmes coulaient déjà le long de ses joues. Elle les sécha rapidement d'une revers de main et se tourna vers Orsay en lui souriant.

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